Actualités

Découvrez les actions menées par la FFAAIR et les dernières actualités concernant les maladies respiratoires

Le Néerlandais Philips joue-t-il la montre ?

(22/12/2021)

Le Néerlandais Philips joue-t-il la montre ?

Mediapart revient cette semaine sur ce qu’il y a désormais lieu d’appeler « l’affaire Philips ». La FFAAIR a alerté en octobre le ministre de la Santé sur une question qui affecte quelque 370 000 malades apnéiques du sommeil et des milliers d’insuffisants respiratoires chroniques. La Fédération a également demandé à la communauté des pneumologues de prendre position et de faire pression sur le gouvernement. Car 95 % des malades concernés par les appareils Philips continuent d’inhaler des substances hautement toxiques.

Le 14 juin, rappelle Médiapart, la firme néerlandaise a annoncé le rappel de 370 000 de ses appareils utilisés en France et fabriqués avant le 26 avril 2021 : il s’agit à 92 % d’appareils de PPC, à destination des malades souffrant d’apnée du sommeil. « Mais sont également concernés 29 000 ventilateurs « souvent vitaux pour les malades de tout âge atteints de broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO), de syndrome obésité-hypoventilation (SOH), de cyphoscoliose ou de pathologies neuromusculaires. »

Depuis cette date, le fabricant joue la montre, conscient que ce grave problème de santé publique ne pourra pas se régler d’un trait de plume. Car si l’on compte le marché américain, il s’agit de millions d’appareils qu’il faut remplacer et les fabricants concurrents ne peuvent pas remplacer les machines Philips au pied levé !

En attendant des composés organiques volatils peuvent s’échapper de la mousse utilisée pour réduire le bruit des appareils, à mesure qu’elle se dégrade. Composants que vont inhaler les malades et « provoquer des maux de tête, une irritation, une inflammation, des problèmes respiratoires, une hypersensibilité, des nausées, des vomissements, et pire encore, produire des effets toxiques et cancérigènes ». Ce que reconnait pleinement le fabricant néerlandais !

Médiapart raconte la trajectoire de Pierre, malade apnéique du sommeil depuis 10 ans et appareillé comme le sont plus d’un million de patients ayant recours à une PPC. Aucun médecin ne l’avertit du danger. « Comme pour la plupart des malades concernés, c’est finalement le prestataire de santé à domicile de Pierre, en charge de livrer et régler les appareils, qui l’a prévenu par courrier. »

« En France, six mois après sa soudaine annonce, Philips a seulement fait changer 16 411 des dangereux générateurs PPC concernés, soit moins de 5 % » rapporte Mediapart. Et quant aux ventilateurs, la firme indique que « la réparation et le remplacement commencera à partir du mois de janvier 2022 ».

« Les mousses continuent de se délier, on est en train de laisser les gens respirer du poison chaque nuit et mourir dans leur coin. Une trentaine d’utilisateurs de machines Philips nous ont contactés. Ils nous disent beaucoup tousser et quand ils crachent, ils retrouvent des saletés toute noires », rapporte Marie-Agnès Wiss-Laurent.

« J'ai recraché des dépôts marrons »

« La Philips Dreamsation est exactement l’appareil que j'ai depuis 6 ans, a rapporté Pascal dans un mail adressé à la FFAAIR. Pendant 6 mois, en 2020, j'ai recraché des dépôts marronnasse directement de mes poumons et ce uniquement le matin. Signalé à mon médecin, puis à mon pneumologue, jusqu'au jour où j'ai fait l'expérience de dormir sans. Et cela s'est immédiatement apaisé. Sur ce, j'ai démonté la machine et constaté que ces particules provenaient de ladite machine. J’en possède toujours une partie avec les fameuses projections. J'ai signalé et montré ces projections à mon prestataire qui a procédé au remplacement par exactement la même machine ! Mais j'ai toujours des problèmes pulmonaires matinaux depuis, en plus de rhinites et nausées. »

« Les prestataires de santé disposent des données détaillées, poursuit de son côté Mediapart : les associations de patients demandent alors qu’une étude soit enclenchée dans le but d’établir à long terme un éventuel lien entre l’utilisation des machines défectueuses et l’apparition de cancers. »

Problème classé « critique »

Pour l’heure, au ministère de la Santé, exclusivement mobilisé sur la 5è vague de la pandémie, le problème est ignoré. Totalement. Du côté du fabricant, il est annoncé une solution pour l’ensemble du parc concerné dans l’Hexagone d’ici à la fin 2022 ! Donc dans un an seulement.

En attendant, les patients apnéiques du sommeil et les insuffisants respiratoires chroniques sont invités à dormir tranquille. L’effet cancérigène des mousses défectueuses ne se manifestera que dans 10 ans.

Nous avons perçu immédiatement que le problème allait être très complexe à gérer en raison de son caractère mondial et de la multiplicité des acteurs concernés. Nous l’avons classé comme “critique” », commente Thierry Thomas, de l’ANSM. Une agence qui semble bien désarmée face à ce fabricant !

Au fur et à mesure que l’information leur parvient, les patients réclament à leur prestataire de santé à domicile ou à leur pneumologue un nouvel appareil d’une autre marque, ajoute Médiapart. « Quand un malade le demande, nous prescrivons une machine d’autres fabricants qui suivent sans problème pour l’instant et nous arrêtons de prescrire du Philips en attendant que tout soit résolu », rapporte de son côté le Pr Jésus Gonzales, de la faculté de médecine Sorbonne Université.

L’affaire est loin d’être close et devrait faire quelques belles « Unes » en 2022. Car pour l’heure les témoignages se multiplient à la FFAAIR et dans ses associations de patients. France Asso Santé s’est également saisi de la question et n’entend pas en rester là !

« Feu dans un seau d'eau »

Le président de France BPCO, jamais en reste d’un bon mot, a, sur son site Facebook de France BPCO, accusé la présidente de la FFAAIR, Marie-Agnès Wiss de mettre le « feu dans un seau d’eau », en ajoutant que « cette problématique sera résolue dans les mois qui viennent et, par précaution, l’ensemble du parc matériel va être remplacé réglant ainsi le souci de cette mousse. » « Souci » ? Sans doute estime-t-il que les malades apnéiques du sommeil peuvent attendre tranquillement des jours meilleurs, de même les BPCO qui utilisent une VNI. Il doit surtout penser à ne pas perturber la réputation de l’entreprise hollandaise Philips qui soutient avec assiduité depuis des années Philippe Poncet et les actions d’O2&Cie, cette autre association que pilote depuis son vélo avec ferveur le même Poncet ! On ne saurait se fâcher avec un si généreux sponsor !

Restez informés

Pour recevoir l'actualité sur la FFAAIR, ses associations ainsi que les maladies respiratoires.