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Vapoteuse : où en est-on aujourd’hui ?

(31/05/2022)

Vapoteuse : où en est-on aujourd’hui ?

Ce 31 mai marque la Journée Mondiale sans tabac. Une occasion de plus de rappeler que le tabac est le premier facteur de risque de cancers évitables, comme il est la cause première de la BPCO, qui concerne plus de 3,5 millions de personnes en France. Il est un fléau qui continue de tuer des dizaines de milliers de personnes en France chaque année. Liliya Belenko rapporte ici les conclusions d'une réunion qui s'est tenue en décembre dernier sur la question du vapotage, substitut efficace au tabac pour ceux qui souhaiter arrêter.

" La dernière réunion du Comité de coordination du PNLT (Programme National de la Lutte contre le Tabac) en décembre 2021 a été consacrée aux études sur la cigarette électronique ou vapoteuse - plutôt qu'aux mesures contre le tabac. Ce comité national de coordination du PNLT 2018-2022, co-présidé par le directeur général de la santé, regroupe des représentants des administrations et de la société civile (médecins, savants, associations, dont la FFAAIR, qui militent contre le tabac), afin de constituer un espace de concertation et de facilitation de la mise en œuvre du PNLT.

Pendant deux heures nous avons écouté le rapport sur l’état des lieux de vapoteuse de la Direction Générale de santé, qui a évoqué de nombreuses études, mais qui a eu une conclusion très courte. La science ne peut pas répondre de manière sûre aux questions posées. Oui, la cigarette électronique apporte moins de risque pour la santé que les produits du tabac.

En absence de connaissance nécessaire les professionnels de santé ne peuvent recommander que les moyens scientifiquement bien étudiés (substituts nicotinique ou SN). Pour les catégories de personnes (sauf les femmes enceintes) qui ne les acceptent pas la vapoteuse n’est pas contre-indiquée comme chemin d’arrêt.

La science fait son travail, mais cela prend beaucoup de temps. Le tabac continue à tuer 75000 personnes par an en France. Parfois les médecins agissent d’une manière pragmatique, et si le risque pour la santé est moins important, il faut utiliser la vapoteuse pour arrêter le tabac (le risque ne diminue pas si on fume moins et on vapote).

Le sujet a été discuté aussi pendant le dernier Congrès de tabacologie à Reims. Selon le Pr. Dautzenberg (pneumologue, tabacologue) la clé, c’est la dose de nicotine. « Le fumeur en sevrage est souvent sous-dosé de nicotine ». Si la dose suffisante de nicotine avec la vapoteuse est trouvée, l’arrêt devient réel et gérable. L’étude de l’Université de Bordeaux a confirmé l’efficacité de la vapoteuse pour le sevrage, si elle est utilisée pendant 12 mois.

En tant que tabacologue qui communique chaque jour avec le milieu, qui arrête de fumer, je vois tous les cas. Il y a des personnes qui sont ravies d’arrêter avec la vapoteuse. Cela facilite la tâche. Il y a des personnes qui ne l’apprécient pas. Il y a aussi les ex-fumeurs qui ont la difficulté d’arrêter la vapoteuse un an après le sevrage tabagique et plus tard. Il est bien de savoir que la dépendance à la nicotine peut résister davantage avec la vapoteuse qu’avec les SN parce que la courbe de la concentration de nicotine dans le sang ressemble bien à la courbe d’une vraie cigarette. Quand le fumeur allume sa cigarette, la première bouffée la nicotine arrive dans le sang et dans le cerveau en 7 secondes. Il y a donc tout de suite le pic de concentration de nicotine, suivi rapidement d’une chute. C’est ce qui active les récepteurs nicotiniques. Le patch et les pastilles utilisées pour arrêter de fumer apportent une petite dose de nicotine de manière permanente, toujours la même, ce qui endort les récepteurs.

Nous ne pouvons pas dire que la vapoteuse est un produit anodin, la nature nous a fait pour inspirer de l’air propre et pas autre chose. Les composants de la vapoteuse peuvent irriter les voies respiratoires (le propylène glycol). Des études montrent le risque pour les poumons et pour le cœur.

En France le contenu de la vapoteuse est réglementé par les normes AFNOR qui ne permettent pas aux vendeurs de dépasser les standards. Aux Etats-Unis il y a eu des cas mortels à cause de l’inhalation des huiles. La diversité de formes et des liquides pose des problèmes y compris pour étudier l’effet.

Ces derniers temps, les nouvelles formes de cigarettes électroniques sont apparues sur le marché, les vapoteuses jetables « Puff » avec des odeurs séduisantes, avec un taux de nicotine qui n’est pas bien indiqué et qui est parfois très haut. Vendue souvent par Internet, petite, pas chère, bien colorée, cette vapoteuse présente le risque pour les jeunes non-fumeurs d’entrer dans le tabagisme.

Il est parfois très difficile de sortir de la dépendance tabagique. La force de cette dépendance est comparable avec les drogues dures. Il est important de chercher et de trouver le chemin personnel qui convient au fumeur pour arrêter de fumer. Aujourd’hui la science propose de manière assez sûre et sécurisée les substituts nicotiniques. En même temps si la vapoteuse permet d’arrêter le tabac, elle en diminue le risque. Quelques mois après son utilisation, il est conseillé d’arrêter la vapoteuse et de profiter d’une bonne respiration."

Liliya Belenko
Chargée de l'Asthme et du Tabac à la FFAAIR, Déléguée européen respiratoire

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